HISTOIRE ET PATRIMOINE D'AUZEBOSC

Les origines et l'histoire du village d'AUZEBOSC et des alentours ont été relatées par le passé dans divers écrits et documents. En faire un petit rappel ou un résumé est toutefois toujours intéressant pour celles et ceux qui y sont nés ou qui ont choisi de venir y vivre.
On en trouve notamment le récit dans quatre ouvrages parus au XIXème siècle :
* Etudes historiques sur l'Arrondissement d'Yvetot, livre publié par Augustin LABUTTE en 1851
* Les Eglises de l'Arrondissement d'Yvetot par l'Abbé COCHET - Tome II édité en 1852
* Promenade archéologique de Rouen à Fécamp par Léonce de GLANVILLE édité en 1853
* la Mémoire Normande - Géographie de la Seine Inférieure avec, comme auteurs, les Abbés BUNEL et TOUGARD (1876)

Il faut noter que les 3 premiers livres ont été rédigés dans un laps de temps très rapproché à partir de sources à priori concordantes et, vraisemblablement, en raison d'une soif de mieux reprendre connaissance, à cette époque-là, de notre passé local.

Par ailleurs, l'ancien secrétaire de mairie et instituteur d'AUZEBOSC, Monsieur Robert SIMON, en poste dans la commune de 1936 à 1971, en a fait, à la fin des années 50, une synthèse manuscrite qui a été retrouvée dans les archives de la mairie et laquelle est amendée par des faits d'histoire plus récente et par des notes sur l'église paroissiale ainsi que sur les principaux édifices et manoirs anciens du village dont certains sont encore entièrement ou partiellement existants de nos jours.

UNE ORIGINE REMONTANT SANS DOUTE A L'EPOQUE DES VIKINGS

​​​​​​​Tout d'abord, l'origine du village d'AUZEBOSC semble remonter à l'époque des premiers seigneurs normands qui étaient descendus des pays scandinaves pour s'installer progressivement dans notre région qui s'appelait auparavant La Neustrie.
D'après l'Abbé COCHET, le territoire de la commune était, à cette époque, principalement constitué d'un bois auquel on a donné  le nom de son propriétaire, un certain AUZOU ou OSULF (en latin : OSULFUS).
A ce nom, il aurait été accolé par la suite celui de BOSC ou BOC qui signifiait "bois" ce qui a donné ensuite plusieurs appellations successives suivant les retranscriptions : OSULFI-BOSCUS, OSULBOSC ou encore OSEBOSCUS (1240 - 1269) puis OSBOSC ou OSEBOSC à partir du 14ème siècle (le lieu est ainsi mentionné sur la carte de CASSINI établie au début du XVIIIème siècle mais sur la carte du "Pais de Caux" de 1632, il est écrit  AUSBOC)

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AUZEBOSC DU MOYEN ÂGE A HENRI IV

Dès le IXème siècle, il fut signalé dans les bois "d'OSBOSC" la construction d'une chapelle dédiée à Saint MELAINE dont l'oratoire existait encore au 13ème siècle. Le 14 octobre 1066, un seigneur d'AUZEBOSC combattit avec ses fils à la bataille d'HASTINGS où Guillaume le Conquérant tua Harold 1er.

A l'époque médiévale, les seigneurs d'AUZEBOSC possédaient un château qui était situé à l'Est de l'actuel village, de l'autre côté du chemin qui fait limite avec l'actuel Hameau de "La BIDAUDERIE" (ou "BIDEAUDERIE"). La découverte de soubassements lors de fouilles débutées à cet endroit en 1912  aurait sans doute permis de le confirmer. Malheureusement, les pierres qui furent retrouvées ont été ensuite dispersées.
Lors de cette période féodale, Léonce de GLANVILLE fait état d'une rivalité avec une autre forteresse qui surplombait les vallons voisins qui joignent YVETOT aux "Fonds de SAINT CLAIR" et qui était la propriété de la famille de La SALLE (une source ancienne indique que ce château fut probablement détruit lors de l'invasion anglaise en 1418).

Le nom du "Bois de La Salle" figure encore sur certaines anciennes cartes mais l'endroit est le plus souvent appelé aujourd'hui "Butte HENRI IV" car il fut occupé par le Roi et ses troupes en 1592. On trouve d'ailleurs de très intéressantes informations sur cette période et sur ce lieu qui a des liens avec AUZEBOSC dans diverses sources historiques résumées sur le site "les Remparts de Normandie / Touffreville la Corbeline."
Une partie d'AUZEBOSC ainsi que le château voisin de La SALLE auraient ensuite appartenu, à l'illustre famille normande de BRICQUEVILLE (c'est sans doute pour cette raison que l'actuel blason de la commune et les  armoiries de cette famille sont identiques). D'après d'autres anciens documents, la forteresse fut aussi le fief, vers 1300, d'un seigneur d'ESTOUTTEVILLE, membre d'une famille anglo-normande qui se fixa au commencement du XIIème siècle au château de VALMONT.

Ceci nous amène à parler plus précisément du château datant du XVème siècle et qui fut, sans doute, construit en lieu et place ou tout près du précédent édifice féodal.
De cette construction et de la ferme attenante, il subsiste encore aujourd'hui quelques pans de murs et vestiges de bâtiments ainsi que la base d'une tour. D'après d'anciennes descriptions, Il en comprenait au moins quatre et était garni de remparts avec accès par un pont levis surmontant de larges et profondes douves.

Autre trace de ce passé dans le village : l'ancienne croix en pierre qui est toujours visible dans l'ancien cimetière et marquée par le temps qui daterait de la fin du règne du Roi HENRI IV, début XVIIème.
Pour en revenir à cette période agitée, on trouve le récit d'un seigneur d'AUZEBOSC qui commandait les ligueurs dans le Pays de Caux et fut battu au BOURG DUN le 8 juin 1589.
le 27 avril 1592, le duc de MAYENNE se logea au château d'AUZEBOSC, avec le cœur de l'armée de la ligue avant le début d'une "chaude escarmouche" qui s'engagea contre HENRI IV et ses troupes. Léonce de GLANVILLE rapporte dans son livre tous les affrontements qu'y s'en suivirent et qui s'achevèrent par une ultime bataille rangée au Vieux LOUVETOT qui laissa désolation et plus de 2000 morts au sol.

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La Tour (donjon) de l'ancien Château XVème


LE CHATEAU D'AUZEBOSC A L'EPOQUE DE LA REVOLUTION
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Les années 1789 à 1793 furent très funestes à ce domaine et il est relaté que des révolutionnaires, venus d'YVETOT, en défoncèrent un jour les portes, brisèrent le mobilier, s'emparèrent des plus précieux témoignages de son histoire (livres et parchemins) et en firent un feu au sommet d'une des tours.
Le manoir seigneurial d'AUZEBOSC appartenait à l'époque proche de la révolution à la famille des POMMARES de GOUY. Il est effectivement fait état, vers les années 1770, dans le Dictionnaire biographique sur les pensionnaires de l'académie royale de Juilly (1651-1828) Tome II (1746-1795) d'un messire Jean Nicolas André Des POMMARES, chevalier, seigneur patron et châtelain d'AUZEBOSC, seigneur et patron de TOUFFREVILLE LA CORBELINE, seigneur de TENDOS et autres lieux, conseiller au Parlement de Normandie

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Ancienne gravure du château (ouvrage de Léonce de GLANVILLE - 1853)

L'EGLISE PAROISSIALE

Le 27 septembre 1267, Eudes RIGAUD, Archevêque de ROUEN dédia à Saint Jean Baptiste une église paroissiale à AUZEBOSC sur les ruines d'un édifice primitif.
L'ouvrage de l'Abbé COCHET donne d'intéressantes précisions sur toute l'histoire de cette église dont le clocher et les 2 transepts  datent de la fin du  XVIème siècle.
Quant au chœur et la nef, ils ont été reconstruits au milieu du XVIIIème à l'initiative (et aux frais) d'un seigneur d'AUZEBOSC, Charles Henri de BIRAN, qui était entré dans les ordres et devint curé de la paroisse. Il fut inhumé dans "son" église le 8 octobre 1764.
La flèche a été élevée en 1843 par les maîtres d'œuvre LECOMBLE et FOLIN à la demande de l'abbé TRANCHARD et les chapelles occidentales remontent à la seconde moitié du XIXème siècle. Dans l'ensemble, l'architecture de l'édifice est fidèle au gothique flamboyant.
 

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LE CHÂTEAU XVIIème (LA BIDEAUDERIE)

Cette bâtisse, aujourd'hui disparue, se dressait au fond d'une allée qui partait de l'actuelle route départementale n°131 et qui correspond aujourd'hui au début de l'impasse de la BIDEAUDERIE (on trouve le lieu également orthographié "La BIDEAUDIERE" sur l'ancienne carte d'Etat Major de 1820)
Sa construction fut entreprise sous le règne de Louis XIII, vers 1625 par un Marquis de Byran.  Ce château appartint jusqu'à la déclaration de la guerre de 1914 à la famille KITTINGER, d'origine rouennaise, qui fit la prospérité de la région de BOLBEC et de LILLEBONNE à l'époque de l'âge d'or des filatures et le domaine fut ensuite la propriété des familles DEFOUGY et FOUCAULT.
Après avoir souffert de l'occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale, le château, devenu inhabitable fut complètement détruit au début des années 60.

Les reste du "Vieux Château" (XVème) à la Bidauderie, début XXème

LE "PETIT CHÂTEAU"

On nomme ainsi le manoir, situé à proximité de l'église et du centre bourg qui fut construit à la fin du XVIIIème siècle et est toujours debout aujourd'hui.
Si on se réfère au récit de Robert SIMON, il aurait été trouvé un acte en date du 3 mai 1620 attestant que le domaine initial sur lequel a été édifié ce petit château et qui s'étendait jusqu'aux limites avec TOUFFREVILLE, LOUVETOT et BOIS-HIMONT aurait appartenu à une "Mademoiselle d'OSBOC"
Plus près de nous, il est fait état que cette "grande maison" fut la résidence courant XIXème de la famille DEMEULES avant d'être vendue en 1872 à Monsieur de BOIS HEBERT.
Elle aurait également servi temporairement de logis aux prêtres avant la construction du presbytère et, plus récemment, elle appartenait à la Famille SERY.

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La carte de CASSINI établie au début du XVIIIème siècle


LE MANOIR MARTIN ET LE MANOIR DE LA HERUCHERIE
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Dans son exposé, Robert SIMON rapporte également que des documents ont fait état de la construction, vers 1525, à proximité du POULIER, d'un manoir au milieu d'un bois.
Il ne reste rien de ce lieu aujourd'hui mais, d'après une description ancienne, il s'agissait d'une demeure de "belle allure" qui s'appelait le Manoir MARTIN et qui existait encore en 1768.
On édifia par la suite, pas très loin, en 1823 le Manoir qui existe encore à La HERUCHERIE route d'ALLOUVILLE. Ce manoir, qui fut rehaussé avant la dernière guerre par le propriétaire d'alors, Monsieur DOUCET, fut longtemps ,auparavant, la demeure de Monsieur Charles SELLE ancien Maire d'AUZEBOSC, famille dont la concession perpétuelle avec une petite chapelle est toujours debout à l'arrière de l'église dans l'ancien cimetière .


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Le Manoir de La Hérucherie au début du XXème siècle avant son rehaussement

LA COMMUNE D'AUZEBOSC AU MOMENT DES DERNIERS CONFLITS
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Il est relaté que les prussiens sont entrés dans AUZEBOSC le 8 décembre 1870 et ont logé tout d'abord au château de la BIDEAUDERIE puis, le 22 décembre, d'autres troupes arrivèrent et s'installèrent un peu partout dans la commune et volèrent notamment du bétail.
Lors de ce conflit, il est rapporté le déroulement d'une exécution perpétrée par les troupes d'occupation dans les bois situés en limite avec YVETOT où furent fusillés 2 jeunes hommes sous prétexte qu'ils avaient cherché querelle à des soldats prussiens.
Ils furent jetés dans une fosse sommaire avant que leurs corps soient ramenés au cimetière d'YVETOT. Robert SIMON indique que les registres d'état civil d'AUZEBOSC, aujourd'hui archivés, mentionnaient le décès de ces 2 hommes qui se nommaient BOIVIN et GRONDIN.
Lors de la guerre 14 - 18, le conflit n'est pas arrivé jusqu'en Normandie, mais dans les tranchées du front de l'Est, plusieurs jeunes auzeboscais y ont perdu la vie. Ils ont été honorés par l'édification du monument aux morts inauguré le 9 juin 1924.
Pendant la dernière guerre 1939 - 1945, la commune fut occupée par les soldats allemands dès le mois de juin 1940. Ils se sont installés en particulier à l'ancienne école d'Agriculture, au château de la BIDEAUDERIE et au presbytère.
Il n'en sont partis qu'à l'été 1944 pour rejoindre le front de l'Est. Il est relaté que les soldats qui occupaient l'ancien presbytère avaient peint leurs casques en blanc dans cette perspective.
Pendant cette période, la commune eut à loger momentanément environ 300 réfugiés du HAVRE qui fuyaient les bombardements aériens et 6 habitants d'AUZEBOSC furent envoyés en Allemagne au titre du STO (service du travail obligatoire)
Enfin, le 27 août 1944 vers 12 h 15, c'est à dire peu avant la libération d'Yvetot et de toute la Région par les troupes alliées, un drame s'est joué dans le ciel d'AUZEBOSC, avec le crash d'un avion de la RAF (un Hawker Typhoon) au niveau du Hameau du CALVAR, abattu par la DCA allemande. Le corps du pilote (qui se serait éjecté mais dont le parachute ne se serait pas ouvert) le Flight Officer néozélandais Ian Cameron HUTCHESON, repose dans l'ancien cimetière.

Ceci est donc le résumé de ce qui a été porté, à ce jour, à notre connaissance mais la longue histoire d'AUZEBOSC est, de toute évidence, incomplète et si des personnes possèdent ou connaissent d'autres éléments permettant de compléter, de corriger ou de préciser ce passé local, leur contribution sera la bienvenue.

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L'inauguration du monument aux morts en 1924